13 raisons de faire notre École ensemble !

Retrouvez une fiche par semaine publiée sur cette page à partir du 7 décembre 2023.

1) Mettre en place des stratégies pour améliorer la motivation des élèves

La motivation est au cœur des apprentissages. Quel enseignant n’a jamais fait le constat que ses élèves étaient trop faiblement motivés ? Pour améliorer la motivation des élèves, il est possible de mettre en place des approches pédagogiques fondées sur :

  • la métacognition : lorsque l’élève apprend à s’auto-évaluer, il mesure mieux ses propres progrès et comprend le lien entre effort et réussite, ce qui lui permet d’auto-réguler ses apprentissages ;
  • l’enseignement explicite des stratégies qui permettent d’« apprendre à apprendre » (planifier, étudier, s’évaluer) au sein des contenus du programme ;
  • l’augmentation des motivations intrinsèques telles que la curiosité, le sentiment d’auto-efficacité (confiance en soi), et les buts de compétence (où l’élève se donne un objectif concret de maîtrise d’un sujet donné).

Ces approches sont parmi celles qui ont fait la preuve de la plus grande efficacité dans les recherches internationales. Elles gagnent à être mises en place de manière concertée à l’échelle d’un établissement plutôt que par des enseignants isolés. 

Aller plus loin

  1. Lettre du CSEN n° 6 « Les enjeux de la métacognition à l’école »
  2. Synthèse de la recherche et recommandations du CSEN « La métacognition : bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement »
  3. Chapitre « Motivation et métacognition » du MOOC « La psychologie pour les enseignants »
  4. Évaluation par EEF « Metacognition and self-regulation » (en anglais, prochainement disponible en français sur le site du CSEN)

    2) Mettre en place une démarche d’enseignement explicite

    L’enseignement explicite est un enseignement structuré, où l’activité de l’enseignant – essentielle – a pour but de favoriser, par des explications claires, des démonstrations et une pratique guidée, un engagement actif des élèves et une meilleure compréhension de l’objet d’apprentissage.

    En résumé, il s’agit d’abord de donner aux élèves un but précis d’apprentissage, afin d’orienter leur attention et de faciliter leur focalisation sur les informations essentielles et l’inhibition des informations inutiles – sans oublier de faire le lien avec les notions précédentes (ce qui permet de réactiver les informations liées en mémoire à long terme).

    L’objet de l’apprentissage (notion, technique, etc.), doit donc être clairement défini et précisément délimité, pas trop lourd (ce qui ne veut pas dire facile) pour ne pas surcharger la mémoire de travail des élèves. L’enseignant commence par démontrer, expliquer à l’aide des exemples résolus, « mettre un haut-parleur sur sa pensée » afin de transmettre des stratégies de résolution, mais aussi d’évaluation de sa progression. Il fait ensuite pratiquer collectivement en sollicitant l’engagement des élèves, en interagissant avec eux et en vérifiant le niveau de compréhension, sans se contenter de questions vagues « vous avez compris ? », mais en demandant aux élèves d’expliquer leur réponse, leur raisonnement, ou celui d’autrui « Peux-tu me dire pourquoi la solution proposée par X est bonne ? ». Une fois le niveau de compréhension jugé satisfaisant, l’enseignant met les élèves en travail autonome.

    Il vérifie en circulant l’avancée du travail et en donnant de courtes explications personnalisées si nécessaire. Cette pratique guidée se poursuit jusqu’à ce que l’élève acquière des automatismes. Cette automatisation est favorisée par des rappels et révisions réguliers (hebdomadaires, mensuels…). L’automatisation est nécessaire pour que la notion censée être apprise ne vienne pas accroître la charge cognitive lors des futurs apprentissages.

    L’efficacité de l’enseignement explicite a été démontrée par de nombreuses recherches scientifiques. Dans le cas de l’apprentissage d’une nouvelle notion, l’enseignement explicite bénéficie généralement à tous les élèves, y compris aux élèves forts. Cependant, les élèves faibles ou défavorisés semblent bénéficier tout particulièrement de cet enseignement. Les contenus disciplinaires ne sont pas les seuls susceptibles de faire l’objet d’un enseignement explicite. Il est aussi important d’enseigner aux élèves de manière spécifique et explicite comment apprendre, comment gérer leurs propres apprentissages, ce qui peut favoriser leur métacognition et leur autorégulation.

       3) Déployer une stratégie efficace pour améliorer le climat scolaire

      Améliorer le climat scolaire en apprenant aux élèves à mieux se comporter, c’est possible ! Les démarches qui ont obtenu les meilleures preuves d’efficacité pour réguler les comportements des élèves et améliorer les climats de classe consistent à :

      • établir des règles claires et cohérentes, en concertation avec les élèves et les personnels ;
      • promouvoir une compréhension fine du comportement des élèves ;
      • enseigner explicitement les habiletés sociales et les comportements attendus ;
      • privilégier la récompense des comportements positifs sur la punition des infractions ;
      • maîtriser les techniques de gestion des situations de crise ;
      • articuler l’approche de manière cohérente entre le niveau individuel, le niveau de la classe et le niveau de l’établissement.

      Il existe plusieurs programmes intégrés qui permettent de mettre en place cette démarche. Celui qui a fait la meilleure preuve de son efficacité au niveau international est le programme Soutien au comportement positif. Le programme de la province de l’Alberta est également une excellente source d’inspiration.
      Dans tous les cas, une formation de tous les personnels de l’établissement à ces approches est indispensable.

      4) Rendre l’école attentive au sommeil des élèves

      Un enfant ou un adolescent qui dort bien apprend mieux. Une bonne nuit de sommeil est essentielle pour l’apprentissage : elle prépare l’enfant à être plus attentif le lendemain, et elle est indispensable pour que les informations apprises s’ancrent dans la mémoire. C’est « la consolidation » : pendant la nuit, le cerveau répète, enregistre et approfondit les apprentissages de la journée. Les enseignants et les chercheurs en sont convaincus, les équipes pédagogiques doivent faire du sommeil un outil de réussite scolaire et de bien-être de l’élève. Des élèves qui dorment mieux, c’est aussi un plaisir pour l’enseignant !

      Cette science du sommeil peut s’enseigner dès le premier degré. En comprenant l’importance du sommeil, en identifiant leurs besoins et en découvrant les rôles du sommeil, les élèves adoptent des comportements favorables à leur développement.

        5) Mettre en place le tutorat

         Le cerveau humain apprend bien plus facilement d’une autre personne plutôt que d’un ordinateur ou d’un livre. Cependant, la relation enseignant-élève n’est pas toujours évidente. Le tutorat entre élèves, deux à deux (peer tutoring) est l’une des actions pédagogiques les plus efficaces, où les deux élèves progressent :

        • le moins avancé reçoit un enseignement et un feedback personnalisés, focalisés sur ce qu’il n’a pas compris ; il accepte mieux ce qui vient d’un élève qui est récemment passé par les mêmes difficultés que lui ;
        • le plus avancé apprend à mieux expliquer les concepts et à comprendre les erreurs de l’autre, il précise sa pensée et invente de meilleures manières de la transmettre (cours, exercices). Valorisé en tant qu’expert, il gagne en confiance en lui.

        De nombreuses manières d’organiser le tutorat peuvent être envisagées, par exemple :

        • à l’intérieur d’une classe : certains élèves en capacité d’aider leurs camarades prennent en charge un élève ou un groupe d’élèves qui ont besoin de soutien – mais il est également possible d’inverser le processus et de demander à chaque élève, à un moment donné, de soutenir un élève ou un groupe d’élèves ;
        • entre niveaux : chaque élève d’une classe de niveau n (par exemple 5ème) est amené à soutenir un élève de niveau n-1 (6ème). C’est l’option la plus valorisante pour tous les élèves.

        Mettre en place le tutorat nécessite de se donner des objectifs pédagogiques précis, d’organiser des ateliers, et de dégager des temps spécifiques.

        6) Maximiser l’engagement des parents

        Il existe une relation forte entre l’attention aux apprentissages dans le cadre familial et la réussite scolaire. L’engagement des parents et l’enrichissement des relations entre l’école et les familles sont des leviers d’action importants. Afin de mieux mobiliser les parents, surtout ceux qui sont le plus éloignés de l’institution scolaire, la recherche fait ressortir plusieurs principes :

        • le contact avec les parents doit être régulier – par exemple, une expérimentation efficace au Royaume Uni a consisté à adresser chaque semaine des SMS avec des informations personnalisées. Ce contact doit être directement lié aux enjeux.
        • des apprentissages, avec des discours positifs, non culpabilisants, qui valorisent notamment les réussites ;
        • les parents attendent une communication à double sens et apprécient d’être consultés, c’est souvent une condition de leur engagement ;
        • réunir des groupes de parents dans un cadre informel peut être particulièrement efficace, comme l’a montré l’expérimentation « La mallette des parents » dans l’académie de Créteil ;
        • il est plus facile d’agir sur le comportement ou la motivation des élèves que d’espérer que les parents fassent directement progresser leurs enfants sur le plan scolaire. Inciter les parents à superviser les devoirs de leurs enfants n’est donc pas très efficace. Par contre, il est très utile que les parents aident leurs enfants à se fixer des buts, à organiser leur temps, à construire des habitudes de travail, de sommeil, etc. ;
        • dans les petites classes, la lecture à la maison doit être encouragée, mais elle doit être accompagnée : distribuer des livres ne suffit pas.

        7) Vérifier que tous les élèves ont bien appris à lire

        Les statistiques de la DEPP et des journées défense et citoyenneté indiquent que trop de jeunes ne maîtrisent pas bien la lecture. Or, savoir lire conditionne toute la scolarité et la vie professionnelle.

        Le CSEN a publié de nombreux écrits et vidéos sur les pédagogies les plus efficaces pour enseigner la lecture – du décodage à la compréhension (voir ci-dessous « Aller plus loin»). Un projet d’établissement centré sur la lecture pourrait consister à :

        • préparer les élèves dès la maternelle, en développant le vocabulaire, la maîtrise du langage oral, la connaissance des lettres, et en faisant jouer avec les sons de la parole (rimes, allitérations, contrepèteries) ;
        • au CP, s’équiper des manuels les plus efficaces, en s’inspirant de l’analyse du CSEN et de l’expérience de l’académie de Paris ;
        • s’assurer que chaque enseignant de CP bénéficie d’une formation dédiée et d’un suivi par les IEN et conseillers pédagogiques référents du Plan français ;
        • utiliser les évaluations nationales pour identifier les élèves en difficulté et leur accorder un soutien supplémentaire ;
        • ne laisser aucun élève de côté : bien au-delà du CP, à l’école et au collège, vérifier chaque année la compétence en lecture, par exemple, à l’aide du test de lecture en une minute ou de la décision lexicale, et proposer aux élèves en difficulté, notamment allophones, une remédiation spécifique ;
        • faire pratiquer et aimer la lecture ;
        • mettre en place une bibliothèque de classe et l’emprunt, tous les vendredis, par tous les élèves, d’un livre pour le week-end ;
        • déployer des logiciels qui ont commencé à démontrer, dans des expérimentations randomisées contrôlées, leur efficacité à transmettre les fondamentaux de la lecture, notamment :
          • Kalulu
            Kalulu : logiciel adapté pour les élèves de la maternelle au CE1 qui permet une consolidation et une automatisation du décodage. Afin que les élèves restent impliqués dans l’exercice, le logiciel s’adapte automatiquement à leur niveau pour leur permettre de progresser à leur rythme ;
          • GraphoGame : logiciel d’entrainement à la lecture qui permet aux élèves d’automatiser leur lecture et de renforcer leurs compétences. Il est adapté aux élèves du CP au CM1.  

        Mise à jour : avril 2024